• Cette réforme est au cœur d'un conflit réunissant diverses entités, chacune ayant divers intérêts : les politiques, les enseignants, les parents, les chercheurs, les professionnels du tourisme… et surtout les enfants. Et même au sein de chaque partie, les opinions divergent. Cet article va tenter, a partir de 4 publications, de synthétiser les débats et ainsi permettra à chacun de se forger un plein avis.

    Pour commencer, comparons deux avis opposés au sujet de cette réforme. Le premier est un article tiré du blog de Charivari à l'école et le second est une lettre adressée aux parents (partie 1 et partie 2) par le syndicat enseignant SNUDI FO expliquant les raisons de « la grogne des enseignants ».

    Pour les uns, « les rythmes ne sont en rien respectés » car les enfants arriveront et repartiront de l'école aux mêmes horaires (8h3016h30). Pour les autres, la journée de classe se terminera à 15h30 et les parents, dans leur grande majorité, viendront rechercher leurs enfants à cette heure-là. Les enfants qui resteront à l'école plus tard seront les mêmes que ceux qui sont déjà pris en charge par le périscolaire à 16h30. Ces deux avis se basent sur des estimations et le seul moyen de trancher est de revenir voir dans quelques années le bilan de ce dispositif.

    Un autre reproche fait à cette réforme est le cout du périscolaire engendré. Comme ce cout sera supporté par les communes, la crainte est que la journée soit allégée en allongeant le temps de midi. Cette organisation est économique et les communes ne disposant pas d’un budget important opteront certainement pour cette solution. Ici, tout le monde s'accorde à dire que ce n’est pas une bonne solution, car les enfants reviendront passablement énervés et effectivement ne verront pas une réduction de leur journée d’école.

    L’ajout d’une matinée de classe afin de soulager le reste de la semaine pose  problème aussi : ce n’est pas le bon jour pour les uns, (enseignants attachés à la pause du mercredi ou estimant que les élèves ont besoins de cette pause pour se reposer). Ceux-là préconisent le travail le samedi matin plutôt que le mercredi voire pas de demi-journée supplémentaire du tout. 
    Alors pause
    nécessaire pour les élèves, fatigue des enseignants ou réelle bouffée d’oxygène dans une semaine à 4 jours surchargée ? Nous verrons.

    Éclairons ce débat avec les paroles d'un chronobiologiste interviewé par Le Point
    Sur la semaine de 4,5 jours et la coupure du mercredi, les chronobiologistes iraient encore plus loin, car ces coupures dans la semaine provoquent un déficit du sommeil chez les enfants (ils se couchent plus tard les mardi, vendredi et samedi soir). Il propose donc un travail le mercredi matin et le samedi matin en plus des lundi, mardi, jeudi et vendredi.
    Sur la journée de classe, il insiste sur les plages de concentration et de travail effectif des élèves : de 9h-9h30 jusqu’à 11h et de 14h-14h30 jusqu’à 16h. On notera au passage que ces temps de concentration sont dépendants de l’âge des enfants, d’où l’intérêt d’avoir des rythmes différents en fonction du public.
    Les nouveaux horaires, pour peu qu’ils correspondent aux préconisations des chronobiologistes, semblent aller dans le bon sens.

    Reste un point non-abordé : le rythme de l’année. Ici, pas de changement dans la réforme, les chronobiologistes ne savent pas trop quoi en penser et une partie des enseignants militent pour une réduction des vacances scolaires d’été qui permettrait un allègement encore plus significatif des journées de travail des élèves.

    Terminons cet article avec une note de Philippe MEIRIEU qui nous invite à « [ne pas bouder] notre plaisir ». Il voit dans cette réforme d’abords une réparation des dégâts provoqués par les réformes du précédent quinquennat et, tout en soulignant le manque d’ambition de cette « refondation de l’école », affirme que c’est un premier pas qui conduira à coup sûr au deuxième.
    Chacun a ou se construira son opinion sur le sujet.

    Ouvrons un peu le débat avec ces questions posées par M. MEIRIEU

    En parlant des enseignants :

    « Pourquoi seraient-ils les seuls à devoir « payer » pour rééquilibrer le temps de l’enfant quand les parents ont souvent renoncé à résister à la pression des écrans et laissent le temps de sommeil quotidien de leurs enfants diminuer d’année en année ? Pourquoi seraient-ils contraints à modifier leurs horaires de travail dans « l’intérêt supérieur de l’enfant » quand, par ailleurs, la société tout entière sacrifie cet intérêt aux lois du marché publicitaire et leur confie au quotidien, sans le moindre scrupule, des enfants qui oscillent, de plus en plus, entre excitation et apathie ? Pourquoi seraient-ils les seuls à porter le poids d’une réforme qui épargne les industries du tourisme, les autoroutes et les médias réunis ? »

    Et pour une vision plus globale de l’éducation :

    « C’est tout le « tissu éducatif » qui doit être réinterrogé : la machinerie publicitaire qui exalte le caprice sous toutes ses formes, les villes qui remplacent les gardiens de square par des caméras de vidéosurveillance, les chaines de télévision qui ont renoncé à programmer des journaux télévisés décryptant l’information pour les jeunes ou qui refusent obstinément la diffusion d’émissions en version originale sous-titrée qui permettraient aux enfants d’entendre des langues étrangères et d’apprendre leur langue maternelle en lisant les sous-titres… »


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